Les BD font leurs cinéma
Le format de la bande dessinée est particulièrement intéressant en ce qui concerne les adaptations au cinéma. En effet, la particularité de la bande-dessinée vient du fait que le texte et l'image racontent l'histoire. Les deux véhiculent des choses très différentes. Les réalisateurs ont donc deux lectures de l'oeuvre originale et peuvent les combiner à différents degrés donnant naissance à des films à la fois très différents et très proches de l'oeuvre.
Paper Girls, Intégrale, tome 1 - B.K. Vauhan // Paper Girls, la série - S. Folsom

Lorsque l’on regarde la nouvelle série Paper Girls, il est difficile pour nous de ne pas y retrouver la série Stranger Things. Les adolescents, les années 80, le fluo, les néons. Attention cependant, Paper Girls diverge sur bien d’autres points et pas des moindres. Ici, ce n'est pas une bande de garçons qui est mise à l’honneur, mais une bande de filles, des livreuses de journaux à qui il vaut mieux ne pas chercher des noises ou alors à vos risques et périls. La forme change également, au lieu d’une série basée sur l’horreur, ici nous embarquons dans une conflit spatio-temporel. À la fois proche et différente de la série, Paper Girls frappe par son univers et ses personnages forts et touchants.

Transperceneige – J.M. Rochette / Snowpiercer – Bong Joon-ho

Tel le train éponyme, le Transperceneige a beaucoup voyagé. Une idée originale de Rochette, Legrand et Lob, trois auteurs français dont la bande-dessinée a parcouru les États-Unis, en faisant une escale en Corée. En effet, Snowpiercer du duo américain Friedman et Manson nous propose en 2020 une série dystopique vitaminée. Avant lui, Bong Joon-ho, le désormais célèbre réalisateur coréen de Parasite, avait réalisé un film plus proche de la bande-dessinée, critique sociale apocalyptique. L’histoire est simple mais non moins originale. Un train, où survit ce qui reste de l’humanité, traverse inlassablement cette terre enneigée sans possibilité d’en sortir. Avec cette odyssée humaine, c’est sa part la plus sombre qui survit.

Le bleu est une couleur chaude – J. Maroh / La vie d'Adèle – A. Kechiche

Un film resté dans les annales, un film qui a fait polémique, La Vie d’Adèle, portée par le duo A. Exarchopoulos et L. Seydoux et réalisé par Abdellatif Kechiche, nous raconte la découverte par une jeune femme de son homosexualité, de l’amour et de la sexualité. Là où Kechiche nous propose des scènes crues de sexe qui tranchent un peu trop avec la découverte des sentiments, Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, nous propose une oeuvre douce et passionnelle, mais avec une conclusion un peu plus dramatique.

Mutafukaz, l'intégrale - Run / Mutafukaz - Run et S. Nishimi

Sorti en 2018, ce film d’animation français nous offre un monde dystopique, presque apocalyptique : une sorte de Mad Max urbain. Bienvenue à Dark Meat City. Nous retrouvons un univers sous amphétamines, hallucinant, où Angelino se trouve pris dans une guerre intersidérale, lui simple livreur de pizza, dont le seul bonheur est d’élever sa colonie de cafards. Adaptation réussie, certes, car le réalisateur se trouve être également l’auteur de la bande-dessinée, donc pas d’impair. Cependant, la force de la bande-dessinée est de tisser un univers dense et toujours plus décalé avec les spin-off, les uchronies. En somme, Mutafukaz est une œuvre hors norme.
